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Plume parisienne
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  • Chroniques d'une parisienne qui aime lire, un peu, beaucoup, partager, écrire aussi sur la vie, si possible dans ce qu'elle a de beau, de joyeux, de drôle, d'étonnant, de magique et parfois de douloureux aussi.
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28 mai 2016

Laissons les grandir

NICE

En naviguant sur LinkedIn, je suis tombée sur un article du Monde, daté du 13 mai 2016 intitulé Et si on lâchait la bride à nos enfants ?". Pour résumer, nous couvons nos enfants, les protégeons, surprotégeons et les empêchons tout simplement de vivre ce qui fait les charmes, les joies et les nécessités de l'enfance. Un article qui résonne tout particulièrement après l'aventure arrivée à Grand Picci il y a 10 jours. 

Par un hasard de circonstances (un léger défaut de surveillance de l'école, un retard de la baby-sitter et un manque d'information de ma part), Grand Picci s'est retrouvé seul à la sortie de 11h30. Ni une ni deux, voilà mon grand petit garçon qui décide tout simplement de rentrer seul à la maison. Il connaît parfaitement le chemin, sait qu'il doit regarder avant de traverser les 3 rues, il est attentif et plutôt raisonnable, et il a les clefs dans son cartable. Où est le problème se dit-il ? Entre temps, la baby-sitter, arrivée à l'école et ne l'ayant pas trouvé, a filé à la maison... Voilà mon Grand Picci qui lui ouvre la porte (?!!!!), il avait commencé à préparer son déjeuner ; les tomates et le jambon étaient dans l'assiette. Il prévoyait de regarder la télévison, puis d'aller chercher son frère à la maternelle à 16h30 (alors qu'il ne lit pas encore bien l'heure).
Malgré la peur et le stress (quand votre baby-sitter vous appelle à 11h35, alors que vous êtes en séminaire d'intégration à plus de 900 km et qu'elle vous dit "on ne sait pas où est Joseph", votre coeur fait mille tours dans votre poitrine), après coup, je suis très fière de ce grand garçon qui, au lieu de se mettre à pleurer sur le trottoir, a pris son petit cartable et a voulu montrer à ses parents comment il était grand.

J'ai constaté récemment que mon Grand Picci avait des vélléités d'autonomie, qu'il aime faire les choses par lui-même ; il faut que j'apprenne à l'écouter tout en le mettant en garde sur certaines choses. Il aimerait aller à l'école seul, mais adore qu'on l'emmène pour nous raconter ses histoires. Je m'interroge sur l'âge auquel je le laisserai enfin aller à l'école sans nous. Il pourrait y aller, mais la société me le reprocherait sans doute. Et puis l'année prochaine il y aura son frère, rêveur et facétieux. Il est impensable de les laisser se balader tous seuls dans la rue. 
Quand j'y pense, j'ai dû aller à l'école seule avec ma soeur vers l'âge de 8 ans  ; à 10 ans, j'emmenais mes 3 frères et soeurs à l'école. A 9 ans, j'ai pris le train de Paris à La Rochelle avec ma soeur de 7 ans, confiées à la garde d'une dame qui avait l'air bien. Et j'en garde un souvenir merveilleux d'un pique-nique avec des carottes que nous croquions en pouffant de rire. Et toujours nous tirions des carottes du sac et ma soeur et moi qui grelottions de rire devant des adultes aussi amusés que nous. 

Chez mes grands-parents en Bourgogne, nous partions en ribambelles de cousins à vélo dans le village ; l'aîné devait avoir 10 ans le plus jeune 6 ans, et nos parents ne savaient pas nos joies, nos secrets, nos bonbons achetés au village d'à-côté, nos cabanes, nos peurs aussi. Certes nous aurions pu faire de mauvaises rencontres, certains ont eu des accidents de vélo, sont tombés des arbres... mais n'est-ce pas là l'apprentissage de la liberté, de la nécessité de faire des choix et de se confronter à ses peurs pour avancer et devenir un adulte.

Accepter que de plus en plus les choses vont nous échapper, que les circonstances malheureuses frappent n'importe où et n'importe quand (j'ai une pensée pour ces 8 enfants en plein goûter d'anniversaire, foudroyés sous un arbre au Parc Monceau cet après-midi), qu'on ne peut pas et ne doit pas tout gérer. Nos enfants feront leurs choix, parfois bons, parfois mauvais, une chose est sûre : ils grandiront. Avec mais aussi sans nous. 

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